Grève du syndicat national de l’éducation de base(SY.N.E.B) : voici les raisons !

La rentrée scolaire 2018- 2019 a été effectuée le lundi 1er octobre 2018, mais elle n’a pas été effective sur toute l’étendue du territoire national.
Les raisons sont diverses selon les localités. Au nord, l’insécurité grandissante est la raison de la fermeture des salles de classe. A Kayes, les cours sont perturbés à cause de la grève du syndicat national de l’éducation de base. Pour en savoir plus sur cette grève, nous avons approché la coordination régionale du syndicat national de l’éducation de base représentée par son coordinateur, M. Salif Sidibé et le secrétaire aux revendications, M. Baba Kouréïchy Entretien
Kayes Infos : Monsieur le coordinateur, depuis le 1er octobre 2018, date de la rentrée scolaire, votre syndicat est en grève, quelles en sont les raisons ?
M. Salif Sidibé : je vous remercie pour l’opportunité que vous nous offrez afin d’édifier l’opinion publique de Kayes qui, ne comprenant pas l’objectif de notre lutte accuse les enseignants à tord. Nous avons déposé un préavis de grève au gouvernorat concernant nos requêtes. Il s’agit :
Des arriérés de salaires de certains enseignants : de janvier 2018 à nos jours ils n’ont pas perçu leurs salaires. Soit un peu plus de dix mois. Nous avons exploré des voies et moyens pour qu’ils puissent rentrer dans leurs droits. L’enseignant ne vit que de son salaire.
Du cas des enseignants des écoles communautaires : l’état ne donne que 25000F CFA comme participation à leurs salaires et le reste doit être compléter par les communautés. Les mairies ne contribuant pas depuis belle lurette, nos collègues des communes ne vivent qu’avec 25000 FCFA par moi.
Du retard dans le paiement des rappels de salaires : le rappel  est un droit pour chaque salarié. Nous avons revendiqué ce droit, les dossiers ont été traités à Bamako et les mandats faits depuis le mois de juin. Malheureusement on nous dit qu’au niveau du trésor et des banques il n’y a pas de sous pour nous payer.
Du problème des contractuels : au début de la décentralisation, le régime en place voulait une école pour chaque village. Cela a occasionné un manque crucial d’enseignants. C’est dans ce contexte qu’il y a eu des recrutements de toute personne ayant un certain niveau d’éducation. On les appelait les conventionnaires ou même vacataires. Aujourd’hui avec la création des instituts de formation des maîtres, les enseignants sont recrutés par concours. Certains vacataires ont été réintégrés à la fonction publique. Ceux qui n’ont pas eu cette chance sont sans avancement depuis 2009. Ils n’ont pas d’augmentation de salaire.
Kayes infos : L’année passée vous étiez une synergie (associations de tous les syndicats de l’éducation nationale) aujourd’hui vous menez une lutte solitaire. Pourquoi ? N’ont- ils pas de militants que sont dans cette situation ?
M. Salif Sidibé : les syndicats sont différents et les luttes ne sont pas les mêmes. Celle que nous menons actuellement date de l’année 2015, en ce moment l’actuel gouverneur était préfet du cercle de Kayes. Il est revenu trouver que les mêmes problèmes persistent. Nous ne minimisons pas les actions des autres syndicats. Ils sont nos partenaires. . Il y a au moins 16 syndicats de l’enseignement au Mali. La grève de l’année dernière concernait tout le Mali, mais ce ne sont pas tous les 16 syndicats qui ont observé le mot d’ordre de la synergie. Nous avons commencé un combat, s’il n’aboutit pas, nous solliciteront leur collaboration. Si nous obtenons gain de cause, ce sont tous les enseignants qui en bénéficieront y compris les militants des autres syndicats qui sont dans cette situation.
Kayes infos : vous avez dit qu’il na pas eu de solutions, y’a-t-il eu des pourparlers ?
M. Salif Sidibé : Au début il n’a pas eu de pourparlers. Nous avons déposé un premier préavis depuis le 12 septembre. Jusqu’au début de la grève le 1er octobre, nous n’avons pas été approchés par le gouvernement. Le 2 octobre nous avons été appelés mais suite à trois rencontres infructueuses avec le directeur de l’académie d’enseignement de Kayes. Nous avons dit à ce dernier que malgré sa bonne foi, il n’a pas la solution. Ceux qui ont la solution ne réagissent pas. Après notre dernière rencontre il nous a dit que le gouverneur voulait nous rencontrer. Cela ne nous a pas plus. Nous avons nos contacts sur le préavis déposé à ses services. Pourquoi passer donc par l’académie pour nous rencontrer. Nous ne voulons pas aller à cette rencontre n’eut été la bonne volonté du directeur de l’académie. Nous avons été invités pour la conciliation. Malheureusement nous ne nous sommes pas entendus. Ils disent qu’il n’y a pas d’argent. Alors que rien ne peut résoudre le problème d’argent si n’est l’argent lui-même. Nous avons fini avec les trois premières semaines. La quatrième semaine vient de finir également. Le mot ‘ordre n’étant pas encore levé, la grève se poursuivra les semaines à venir. La semaine prochaine nous continuerons jusqu’au jeudi, après ce jour nous envisageons une marche pacifique le vendredi 9 novembre.
Kayes infos : n’y a t-il pas eu de facilitateurs entre vous et le gouvernement, la société civile par exemple ?
M. Salif Sidibé : c’est la coordinatrice du CGS (comité de gestion de l’école) de Kayes N’di qui m’a appelé, après avoir rencontré le gouverneur de région, pour me proposer une rencontre avec le préfet du cercle de Kayes. Nous étions le 30 octobre à la veille de la visite du président de la république à Kayes. Nous avons vite compris leur stratégie qui était de nous faire participer à l’accueil du chef de l’état. Sinon comprendre que durant tout ce temps nous sommes ignorés jusqu’à la veille de l’arrivée du Président de la république ? Nous avons dit au préfet que nous ne rentrerons pas si nos revendications ne sont pas prises en compte. A part donc le C.G.S. personne d’autre ne nous a rapprochés pour une quelconque conciliation.
Kayes infos : nous arrivons à la fin de cet entretien, quels sont vos derniers mots ?
M. Baba Kouréïchy : je m’adresse aux parents d’élèves particulièrement. Qu’ils sachent que l’éducation est un droit non négociable pour leurs enfants. Ils doivent revendiquer ce droit là aujourd’hui comme nous sommes entrain de revendiquer les nôtres. Ce que nous déplorons aujourd’hui c’est le manque de volonté des autorités régionales. Sinon comment comprendre que si un ministre signe un décret ou une décision, ils sont appliqués partout sauf dans notre région. Le problème que nous avons aujourd’hui ne concerne que la région de Kayes.
D’autre part nous comptons sur notre base pour rester mobilisés afin que nous puissions avoir gain de cause. La marche du 9 novembre aura pour itinéraire de la tribune au gouvernorat.

Propos recueillis par Gueye jean Hélène

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