Abdoulaye Diallo, Directeur Général du groupe D& Sons : « L’entrepreneuriat des jeunes est la clé du développement de tous les apports »

Le Jeune natif  kayesien,  Abdoulaye Diallo, Directeur Général du groupe D& Sons a accordé un entretien au Groupe Media Kayesinfos. Les échanges ont porté sur les activités du groupe et principalement de la Société de forage des travaux publics ( SFTP).

Kayesinfos : qu’est-ce que c’est que la SFTP?

Abdoulaye Diallo : La SFTP c’est la société de forage des travaux publics. Une société kayesienne au départ qui est l’initiative de M. Seydina Aliou Badra Diallo (le papa), moi après les études, quand j’ai rejoint la structure familiale, dans les années 2000, on a constaté qu’il y avait tant de sociétés qui rejoignaient la région pendant que nous les fils de cette région  nous étions là à les observer, Kayes étant une zone d’extraction minière par excellence, donc on s’est dit que c’était l’opportunité pour nous aussi de tenter l’aventure. Aujourd’hui la société s’est développée de façon exponentielle en fidélisant ses partenaires avec les grands groupes miniers au départ qui étaient dans la région de Kayes et par ce partenariat, ces groupes lorsqu’ils s’exportent en dehors du Mali, nous continuons cette fidélisation et aujourd’hui on a 2500 collaborateurs à travers l’Afrique de l’ouest, nous sommes présents dans cinq pays et notre activité principale c’est effectivement tout ce qui va à la modernisation qui rentre dans l’exploitation des minerais à l’étude de faisabilité et  toute la chaîne de valeur jusqu’à apporter les minerais traités ou prédéfinis à l’exception du traitement chimique qui va être la responsabilité du client.

Kayesinfos : quels sont les cinq autres pays dans lesquels  vous opérez ?

Abdoulaye Diallo : Effectivement à travers le partenariat que je disais tantôt, la société a pu s’exporter  mais avant que j’arrive là-bas, ce  qui fait l’ADN de notre société est la possibilité de jumeler l’expertise locale avec les standards internationaux,  nous prenons une partie des risques, mais pour que quelqu’un puisse te donner les risques il faudrait qu’il y ait cette relation de confiance ce qui n’est pas du tout gagné au départ puisqu’ on est une entreprise locale. Vous savez, une entreprise locale, nous venons avec tellement des préjugés que c’est très difficile d’enlever ces préjugés  et de gagner la confiance, donc  on vient déjà avec cette stratégie de localiser la force de travail en leur permettant d’accéder à des formations de qualité et de valeurs et ce réservoir qui est notre force de travail et qui est notre arme principale pour pouvoir faire face et rivaliser sur le même pied d’égalité que toute autre société multinationale, donc cette approche-là est le  plan de développement durable de la société. Je m’explique puisque chaque société lorsqu’elle vient, elle a ce qu’on appelle un plan pour développer la communauté, une société locale par principe  fait partie intégrante de la communauté de par cette proximité, et de part cette compréhension des réalités locales nous nous posons en tant qu’ intermédiaires ou interlocuteurs de choix auprès de ces partenaires et en plus d’être en mesure de répondre à leurs besoins opérationnels ,ceci nous a permis de mettre en place un socle de collaboration avec des grands groupes comme Rand Gold qui avec la fusion avec Barry , aujourd’hui est le premier groupe mondial et il y a un devoir aussi qui fait partir des cinq majeurs en terme de production d’or et lorsque ces groupes qui sont bien évidemment  plantés un peu partout dans le monde lors qu’ils s’exportent chez les voisins, nous utilisons toujours notre stratégie de fidéliser de localiser les forces de travail sur place, les former et leur mettre en disposition des partenaires que ce soit en côte d’Ivoire, au Burkina, en Guinée, au Sénégal en Sierra Leone et ainsi de suite. Ce principe et cette expansion sur lesquels nous avons pris et  nous continuons toujours une fois que nous sommes présents dans les pays de pouvoir développer d’autres activités sans pour autant se détacher de notre cœur de métier qui sont les travaux de génie civil et tout ce qui va avec.

Kayesinfos : quel est l’apport de la société en matière d’employabilité dans la région ?

Abdoulaye Diallo: Naturellement la société est originaire de Kayes, et moi-même je suis originaire de la région parce que j’ai étudié ici jusqu’à avoir le bac et donc c’était tout naturel que lorsqu’on a commencé ici on a apporté cette même approche d’abord pour les emplois locaux, au départ on amène des expatriés  pour  faire un transfert de technologie, un transfert de connaissances aux Kayesiens et à partir de là on a une approche qui nous permet d’amoindrir nos coûts puisqu’ on a de l’emploi local et non plus international mais qui fait les mêmes qualités et le même niveau d’exécution que toute société ou toute personne ayant  une connaissance avec le niveau international à Kayes. Principalement nous avons commencé avec la mine de Sadiola ensuite Tabakoto, Kenieba et Gounkoto donc dans toutes les mines aujourd’hui de la région SFTP est présente et nous avons à peu près 800 personnes que nous employons et en plus la stratégie est qu’on va à la localisation en profondeur c’est à dire quand on est à kenieba, on utilise les forces vives de kenieba, on fait des accords avec toutes les parties prenantes les maires, les chefs de village , les représentations de jeunes etc.

Kayesinfos : Existe-t-il une bonne entente entre la société et la population?

Abdoulaye Diallo: Elle est vitale quand on est dans une mine les attentes sont là dès qu’on parle de mine on oublie que c’est une entreprise comme n’importe quelle autre suivant des obligations, mais  cet engouement qui fait que tous les projecteurs sont braqués sur les mines, il y a cette vitalité qu’on appelle la licence sociale on ne peut opérer dans un environnement et ne pas tenir compte des communautés qui sont impactées et je pense  aussi que cela est l’une de nos forces qui fait qu’ on gagne en confiance et en partenariat avec nos partenaires.

Kayesinfos : les partenaires investissent et sont beaucoup plus attirés quand ils voient une bonne ambiance entre la société et la communauté.

Abdoulaye Diallo: il faut une adéquation  ils n’ont pas le choix c’est une obligation il faut un climat social apaisé pour pouvoir atteindre les objectifs de production, donc cette équation est très sensible ,c’est sur lequel on travaille  avec les communautés avec toutes les parties prenantes pour que nous aussi acteurs principaux , quand on parle de communauté et si  on bénéficie des contrats d’activité on fait partie de cette communauté la seule façon que cela puisse être reflété ,ce que nous en retour aussi  on se retourne vers notre communauté. En réalité, une entreprise à partir d’une certaine dimension quitte la structure familiale ce n’est plus le propriétaire, ça c’est une obligation pour toute entreprise qui se veut avoir des ambitions de pérennité , c’est très important pour toutes les parties prenantes, l’entreprise, les dirigeants, les travailleurs, les communautés dans lesquelles nous travaillons puissent avoir cette synergie de faire quelque chose qui bénéficie à tout le monde.

Kayesinfos : Vous M. Diallo, vous êtes jeune ça vous fait quoi d’être à la tête d’une entreprise?

Abdoulaye Diallo: je me sens privilégié déjà d’avoir cette possibilité, je pense que c’est une combinaison de plusieurs facteurs , c’est le milieu aussi il y a l’éducation, je suis né dans une famille où mon père est réputé pour  ne connaître que le travail, voilà et donc j’ai aussi pris une partie de cela, mais en plus j’ai eu l’opportunité de me retrouver face à des défis , des challenges en terme technique en termes des relations sociales qui font qu’ on ne peut qu’ avoir de l’envi de l’engouement pour aller en profondeur ,il y a aussi tout ce qui entoure les dirigeants il y a l’équipe, les travailleurs ,il faut fédérer et montrer qu’ils ont cette appartenance au bien commun, il faut obligatoirement que toutes les parties prenantes puissent avoir des intérêts qui convergent pour qu’on puisse aller de l’avant ,surtout quand on a des ambitions de pérennité d’aller au-delà des frontières de nos pays c’est  donc vital à la fois que ces forces de travail c’est à dire du simple manœuvre aux ouvriers non qualifiés qu’ils se sentent réellement considérer que leur pierre à l’édifice compte, ça fait partie aussi de mon travail de dirigeant de m’assurer que ces valeurs-là soient véhiculées à tout moment.

Kayesinfos : En vous basant sur votre expérience de la vie personnelle et professionnelle, quel appel avez-vous à l’endroit des jeunes du Mali en général et ceux de Kayes en particulier ?

Abdoulaye Diallo: Je pense que le message est devenu aujourd’hui très clair que ça soit pour l’Afrique, le Mali en particulier où la région de Kayes, l’entrepreneuriat des jeunes est la clé du développement de tous les apports. Aujourd’hui tout le monde est unanime la dessus l’entrepreneuriat des jeunes c’est ce qui va faire sortir le Mali, l’Afrique de cette situation de pauvreté, mon message est là pour dire aux jeunes de ne pas du tout hésiter, rien n’est facile dans la vie, dans l’entrepreneuriat aussi il y a toujours des hauts et de bas mais c’est  ce qui nous rend autonome et indépendant.

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