Le Cercle de Diéma est une zone d’élevage par excellence. Les troupeaux viennent de partout,  Mauritanie, Nara et divers autres horizons, pour alimenter les différentes foires hebdomadaires de Dioumara-koussata, Fassoudébé et Torodo. Malgré toutes ces potentialités, le prix du mouton ne fléchi pas d’un iota.

Chaque année, à l’approche de la fête de tabaski, le prix du mouton grimpe comme une flèche à Diéma. Mais cette année, c’est plus pire, le prix du mouton est carrément hors de portée. Le bélier moyen est vendu à 100 000 F CFA, à prendre ou à laisser, vous disent certains marchands. Pour le bélier un peu plus grand,  on vous demande 150 000 à 200 000 F CFA. Avec  60 000 F CFA en poche aujourd’hui à Diéma, il vous sera difficile de vous octroyer un bélier, même âgé de 7 mois, répondant aux exigences du Coran en matière de lahiya.

A en croire certains compaires, jamais le prix du mouton n’a atteint une telle flambée. C’est devenu une tradition à Diéma,  la plupart des  éleveurs n’attendent que  la fête de tabaski pour vendre chers leurs animaux, qu’ils nourrissent et entretiennent pendant de longues périodes. C’est du pur Téféya, clame Oumar, qui poursuit en disant que ces téfés( Un téfé est une personne qui vend chers des animaux, des objets, et autres biens, qu’ils achètent à vils prix) doivent tenir compte de la conjoncture actuelle.

La cherté du mouton à Diéma cette année,  s’explique par deux raisons fondamentales. Premièrement, le coût excessif du tourteau, 25 000 F CFA les 50 Kgs, qu’on utilise pour l’embauche. Deuxièmement, le nombre réduit de cheptel, causé par la famine qui a décimés l’année dernière   des milliers de têtes.

Modi, vaccinateur au CSCOM de Lakamané, rencontré sur sa moto, affirme que cette année, le prix du mouton a considérablement diminué. Les commerçants ouolofs, poursuit-il, viennent rafler tous nos moutons pour les amener au Sénégal. Certains ne discutent même pas le prix, ils achètent comme bon leur semble. Mamadou résident à Gomitradougoua remis à son commissionnaire, 30 000 F CFA avant de venir à Diéma, afin de lui trouver un bélier,  pour sa famille moyenne. Modibo argumente en disant que presque tous les éleveurs pratiquent  l’embouche, ce qui fait qu’ils vendent chers leurs  troupeaux. Sidy, un notable de Torodo, soutient que ce sont les moutons des transhumants maures et peulhs qui sont vendus à des prix raisonnables. Sinon ceux que les femmes gardent à la maison, qu’on appelle sagamonè, sont intouchables. L’homme explique que  le prix le plus bas du mouton à Torodo est fixé à 50 000 F CFA. Beaucoup de gens viennent de Bamako, Nioro du Sahel et ailleurs pour acheter leurs moutons de tabaski. Par contre, d’autres préfèrent rester sur place pour faire leurs commandes.  D’ailleurs cette histoire de commandes, cet homme qui garde l’anonymat en a marre. Cette année il n’a pas voulu  prendre de l’argent avec  ses cousins de Bamako pour acheter pour eux  des moutons, puisque certains avaient commencé à douter de sa moralité. Mohamed, un marchand maure,  qui suivait ses animaux du côté du péage, est triste ce matin. Le bélier qu’il a vendu hier à quatre vingt mille francs cfa, a été volé nuitamment. Son client lui avait dit de garder le mouton parmi ses troupeaux jusqu’au lendemain. Bakary, explique que ce n’est pas les moutons qui manquent aujourd’hui à Diéma, mais que c’est l’argent qui ne circule pas. Tahé, chargeur d’animaux pour Dakar, parle aussi de la cherté du mouton, qui selon lui, est liée au coût élevé du tourteau. Nos commerçants achètent la tonne de tourteau, dit-il, à l’usine à Bamako, pour venir  la revendre chèrement. Selon l’homme beaucoup d’éleveurs ont arrêté d’élaguer les arbres. C’est pourquoi, le tourteau devient de plus en plus sollicité. Un autre de joindre sa voix «  Cette année, on risque d’égorger des moutons femelles ou des chèvres à la place des béliers ».

Alassane SIDIBE, Secteur Elevage, évoque le cas des  commerçants ouolofs qui  repartent souvent avec des camions remorques presque vides, compte tenu de la rareté des moutons cette année.

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