Cette année, un froid, d’une intensité démesurée s’est abattu sur la ville de Diéma, malgré la bonne pluviométrie recueillie pendant l’hivernage, car à en croire certains compères, l’année où il pleut abondamment, la fraicheur devient moins virulente. Il fait sérieusement frais ces derniers temps, même les fous en ressentent, à y voir certains pliés dans leurs baluchons. Le thermomètre affiche souvent 12° C. On a l’impression qu’il neige pendant la nuit. Dans cette ville carrefour située dans un bas-fond, surélevée dans sa partie nord, du côté du Razel, et entourée de ravins, rien ne semble arrêter la férocité de ce froid, dont la présence perdure, affirme-t-on. Pendant la nuit, les rues sont quasiment désertes, tous restent cloîtrés chez-eux pour échapper à l’atrocité de l’intempérie. Seuls quelques individus affairés tardent encore dans la circulation.
Les vieilles personnes et les enfants sont ceux qui en souffrent le plus. Le froid, déclare Sambou, vous pénètre jusqu’aux os, c’est pourquoi, on conseille toujours d’entourer de soins durant ces moments, les personnes du troisième âge et les enfants.
Comme remèdes à ce froid glacial qui n’a d’égard pour personne, dans les familles où la tradition est encore respectée, les grandes personnes se réunissent autour du feu de bûche pour siroter du thé. Certaines femmes brûlent de l’encens dans leur beloni, petit instrument utilisé pour faire la fumigation. D’autres remplissent leur fourneau de charbon de bois en guise de chauffage. Actuellement, se prononce Makan, l’enseignant, beaucoup connaissent les dangers liés à l’utilisation abusive de ce comestible. Lorsqu’on s’enferme hermétiquement dans la chambre avec le fourneau rempli de braises, le gaz carbonique qui s’y dégage est asphyxiant.
Pour laver son enfant, chaque matin, cette femme utilise de l’eau chaude, elle place la bassine à l’intérieur de sa chambre. Après la toilette, elle habille son petit avec des vêtements lourds qu’elle a minutieusement choisis chez le vendeur de pacotilles.
Nos enfants, si nous les protégeons pas, ils seront exposés aux maladies pulmonaires, déclare Assitan, pressée de se rendait à la foire avec ses légumes.
Que dire des personnes qui passent plusieurs jours sans verser la moindre goutte d’eau sur leur corps, rien que par peur du froid? S’interroge Hamma. A les voir dans leurs beaux draps, le corps luisant de pommade. Comme ils sont sales et crasseux !
Le froid n’empêche pas le vieux Douga d’aller acheter lui-même, chaque jour que Dieu fait, ses beignets. Il marche nonchalamment, recroquevillé dans son grand boubou en cotonnade.
Selon Siliman, producteur agricole, ceux qui habitent les maisons en tôles envient généralement les propriétaires de logements en banco. Il n’apprécie pas les maisons en tôles où la fraicheur tout comme la chaleur, sont insupportables.
Se laver avec de l’eau fraiche, permet de se maintenir longtemps en bonne santé, pense un ancien fonctionnaire. Celui qui se lave avec de l’eau chaude pendant le froid, aura la peau toute ridée quelque soit son jeune âge.
A chacun son problème. Ce père de famille se fait des soucis lorsque le froid arrive. Selon lui, durant cette période, les gens mangent plus. Dans ma maison, dit-il par indiscrétion, le sac de riz de 50 kgs ne dépasse pas 20 jours.
Fatouma la superstitieuse, soutient, elle, que quand on nait pendant le froid, on est hostile à la chaleur, et inversement.
De l’avis de Baïdy, peu de gens perdent le courage de se rendre dans les cérémonies de baptême le matin au moment du froid. Certains ne manquent pas d’arguments pour justifier leurs absences, renchérit l’homme.
A travers les missions de sensibilisation que le comité des femmes utilisatrices des services de santé, appelé CFU, effectue périodiquement, ainsi que les émissions radiophoniques, beaucoup de femmes commencent à adopter de bonnes pratiques pour le bien être de leurs progénitures.
Ouka BA ( correspondant kayesinfos Diema)