Diéma : Campagne agricole, l’espoir renaît, mais….
La campagne agricole se déroule normalement dans le Cercle de Diéma. Selon les données recueillies auprès du Secteur de l’agriculture, la quantité de pluie tombée à la date du 15 août 2019 est de 179,75 mm en 15 jours, inférieure à celle de l’année dernière qui était de 298, 50 mm en 17 jours, à la même période.
L’état végétatif des cultures est bon dans l’ensemble. Le mil et le sorgho sont au stade montaison. Le maïs, l’arachide et le niébé au stade ramification. Les travaux des derniers semis ont pris fin dans l’ensemble du cercle de Diéma.
La situation phytosanitaire est relativement calme. Toutefois d’importants mouvements d’oiseaux granivores ont été observés dans l’ensemble du cercle. Ces oiseaux ont causé des dégâts légers sur les cultures au stade semi-germination dans plusieurs sous-secteurs.
Le Président de la Chambre locale d’Agriculture de Diéma, Modibo FOFANA, est satisfait de l’état de la campagne, mais signale la présence des oiseaux granivores dans plusieurs localités. Dès l’apparition des ces oiseaux, explique-t-il on a informé le Secteur de l’agriculture. Les producteurs agricoles ne disposent pas de moyens efficaces pour chasser ces oiseaux. C’est difficile de les repérer, ils ne font pas de nids sur les arbres, ils vivent dans les herbes. Abdoulaye, ce producteur agricole, a un point de vue différent, il soutient que l’approvisionnement du marché en céréales dépend de l’état d’évolution de la campagne. S’il pleut suffisamment, les producteurs sont tranquilles, ils n’hésitent pas à faire sortir leurs céréales sur le marché. Mais si les pluies se font rares (Ce n’est le souhait de personne), ils s’abstiennent de les brader, ils préfèrent les conserver afin d’éviter une éventuelle crise.
Toudo DIARRA, Producteur résidant à Madiga SACKO, laisse entendre que l’arrivée des oiseaux granivores était inévitable cette année. L’arrêt des pluies a fait que les herbes ont séché un certain moment, ce qui fait que les oiseaux étaient obligés de se déplacer à la recherche des endroits humides. Ils sont cachés dans les herbes appelées diadiémissé, dont les graines ressemblent au fonio. Ils y restent jusqu’à la maturation des cultures. Ils s’adonnent surtout au petit mil. Le gros mil gadiaba ne passe pas par leur gorge, mais quand les épis sont frais, ils peuvent grignoter.
De l’avis du Président du Conseil de Cercle, Makan KOMA, pendant ces dernières années, la production céréalière du Cercle de Diéma a considérablement diminué à cause des changements climatiques. La quantité de céréales produites ne parvient plus à couvrir les besoins des populations durant les douze mois de l’année. Le marché de Diéma est généralement approvisionné par des commerçants de la Région de Sikasso. L’élu invite le Gouvernement à prendre des mesures appropriées contre ces oiseaux granivores, ainsi que tous les autres déprédateurs, les cantharides, les chenilles, etc.
Pour Ibrahima SANGHO, agent d’agriculture à la retraite à Fatao, la campagne agricole commence à se porter bien. Mais il demeure prudent, et pose une condition, c’est que si les pluies continuent de tomber jusqu’en octobre, il n’y aura aucune crainte.
De l’espoir chez Diandoumbé, résident à Béma, qui aborde également le problème des oiseaux granivores. Ce producteur n’exploite qu’une petite parcelle d’arachide, il s’adonne plus à l’élevage. Il affirme que les deux tracteurs qui existent dans toute la commune de Béma ne suffisent pas, ce qui fait que, selon lui, le rendement agricole est parfois faible.
Harouna ne cesse de maudire les écureuils qui ont déterrés et bouffés tous ses premiers semis d’arachide, si bien qu’il était obligé de mélanger les graines avec de la poudre avant de semer de nouveau.
Fousseiny a arrêté de cultiver du mil à cause des oiseaux. Il savait que ces déprédateurs allaient encore venir. C’est devenu une tradition, chaque année, ils nous tombent dessus. Avec ses champs de pastèque, il gagne un peu d’argent. Son grand frère Moussa s’est découragé, et a même abandonné ses champs à cause de la longue période de rupture des pluies, qui a vu les premiers semis partir.
La présence des oiseaux granivores à Troukoutié, un village situé à environ 15 kms de Diangounté Camara, est signalée par le 2èmeAdjoint au Maire de cette Commune, Mamadou COULIBALY. Par rapport à cette situation, déclare l’élu, le Sous préfet a été informé ainsi que le Secteur de l’agriculture de Diéma. A leur niveau à la Mairie, ils comptent prendre des mesures pour aider les producteurs agricoles à faire éloigner ces déprédateurs. Makan producteur à Lakamané pense que beaucoup de producteurs n’ont rien compris cette année. Il situe le tiotio kalodans ce mois de septembre au lieu du mois d’août comme d’habitude. Les pluies continueront jusqu’à fin octobre, dit-il. Il avoue que pour le moment, les oiseaux n’ont pas été aperçus à leur niveau, même s’ils ont appris leurs échos. L’homme exploite 15 hectares de terre à Falaba, un hameau de culture.
Face à la gravité de la situation, le Chef du Secteur de la protection des végétaux, Drissa DAGNON apporte l’appui conseil nécessaire aux cultivateurs en les orientant vers la lutte mécanique qui consiste pour le moment à chasser les oiseaux par des cris, des tapages, à dénicher leurs nids pour les détruire, etc. D’autres moyens seront déployés s’il le faut pour renforcer la lutte contre les déprédateurs.
Au cours de ses missions de supervision, le Chef du Secteur de l’agriculture, Soumaïla COULIBALY, recommande aux producteurs agricoles d’adopter un certain nombre de comportements. De tenir compte des prévisions météorologiques quotidiennes avant d’effectuer les travaux d’entretien et de traitement de leurs champs. De tenir également compte des bonnes pratiques agricoles notamment, traitement des cultures, opérations de sarclage.
Si des dispositions urgentes ne sont pas prises à temps par le Gouvernement pour lutter efficacement contre les oiseaux granivores qui commencent à régner en maître dans les cultures partout dans le Cercle de Diéma, les pauvres producteurs risqueront de tout perdre cette année. Que Dieu nous en garde !
Ouka BA Diéma