Il est presque aussi connu que le Che ou le Christ, avec qui il partage certaines allures prophétiques, rebelles et définitivement proches de « ceux qui souffrent ». Il est le plus célèbre des chanteurs reggae et connut le succès de son vivant, puisqu’il vendit plus de 200 millions de disques.
Bien avant que la mondialisation ne soit pensée, analysée ou contestée, Bob Marley a été l’un des premiers artistes à évoquer les « déplacements de peuples et de matériaux», l’oppression d’un système unique qu’il appelle « Babylone » et la nécessité d’accomplir un retour en Terre Promise. Nous vous proposons de revenir sur sa vie et d’explorer son oeuvre à travers un documentaire réalisé en 2008.
Né d’une union illégitime entre un capitaine Blanc cinquantenaire et une jeune mineure noire, Bob Marley a dès sa naissance incarné une confrontation historique et sociale encore difficile à aborder dans sa Jamaïque natale : la rencontre entre l’Afrique, le poids de l’esclavage et la domination coloniale. « Avec un tee-shirt Bob Marley, tu peux entrer dans n’importe quel quartier chic ou ghetto du monde » commentait Manu Chao en parlant de l’icône Marley.
Construit en 1951 après un cyclone, ce secteur de Kingston reste le théâtre d’affrontements armés, mais il est aussi un creuset culturel, un vivier pour musiciens et rastas. Marley y a rencontré ses futurs confrères Bunny Livingston Wailer, Peter Tosh, ainsi que son premier mentor musical Joe Higgs. Dès lors, il y peaufinera presque à l’infini les centaines de chansons qui feront son succès des années plus tard, notamment après sa rencontre avec un producteur, Chris Blackwell, qui décide de « vendre » Bob Marley et les Wailers au monde entier comme le premier groupe de rock noir.