Dans la ville de Diéma, précisément au niveau du Razel, une zone commerciale, située à environ 1 kilomètre, sur le croisement des routes internationales Bamako-Diéma-Kayes via Dakar et Bamako-Diéma-Nioro du Sahel-Nouakchott, il existe plusieurs compagnies de transport, parmi lesquelles, on peut citer, SONEF, Nour, Rimbo, Gana, Afric Star, Benso, Bani, Tilemsi. Chacune de ces compagnies dispose d’un lieu d’escale pour débarquer ou embarquer les passagers et leurs bagages. Aussi, dans certaines localités situées sur les principaux axes routiers, elles sont pour la plupart représentées. Les horaires d’arrivée des Bus, comme indiqués par le Contrôleur de Nour Transport, Abdoulaye SIDIBE, se situent tous les jours, entre 9 heures et 2 heures du matin. L’appellation Razel a été attribuée à cette zone, car c’est cette entreprise qui a réalisé, en 2007, les travaux de butinage de la route Diéma-Sandaré. C’est ici au Razel que sont installés des bars de fortune, qui servent de lieu de rencontres et de débauche. Au Razel, au traite toutes sortes d’affaires, de transactions. Le Razel, comme aiment à le qualifier certains, c’est la californie, il n’existe aucune loi.
L’arrivée des Bus crée l’ambiance au Razel, tellement le spectacle est beau, vivifiant. C’est un véritable tohu-bohu qui se déclenche lorsque les Cars s’immobilisent. A leur descente, certains passagers achètent du dibisogo pour se régaler, d’autres du riz, du poisson, de la viande, de la pomme de terre frite, du loco, etc. D’autres par contre, craignant des problèmes digestifs, préfèrent ne rien prendre. Alors que certains se précipitent vers les toilettes. Une foule bigarrée s’agglutine autour des Bus dans un vacarme assourdissant. Les vendeuses, munies de leurs grandes assiettes chargées d’aliments se frayent le passage pour rencontrer les clients. A côté, il y a les mendiants, ces misérabilistes, qui déambulent interminablement pour gagner leurs pitances auprès de quelques personnes généreuses, même si on n’en compte aujourd’hui sur le bout des doigts. Les gargotières, les propriétaires de dibiteries, les vendeurs de thé, de cigarettes, les petits cireurs, les intermédiaires, les conducteurs de mototaxi, et autres affaire mans, tous tirent leurs épingles du jeu. Certains n’ont pas de répit, ils sont sur pieds nuit et jour et passent le clair de leurs temps à guetter l’arrivée incessante des Bus. « Sans les Cars, lance un quadragénaire, à la figure de son ami, quand ce dernier a refusé de lui donner une cigarette, toi, tu ne peux pas vivre… », Fanta, restauratrice à Nour Transport, raconte que si les Bus viennent remplis de passagers, le marché est juteux, mais s’ils arrivent à moitié vides, on réalise de maigres recettes. Grâce au dynamisme de ses cinq employées, toutes des femmes, les plats dans ce restaurant, sont servis à chaud, à n’importe quelle heure. Tako, en partance pour Ségala, semble perdue dans son itinéraire. Ibrahim devant se rendre à Dakar, déguste de la viande grillée, qu’il trouve appétissante. Mais l’étranger se plaint de l’inconfort du Bus qui l’a amené. Baro, la vendeuse de fruits, communique peu. Elle tourne entre les compagnies, pour écouler ses produits. Aliou, un petit garçon âgé de 10 ans, les pieds poussiéreux, s’adonne quotidiennement au ramassage des bidons de boisson et d’eau minérale vides pour les vendre à raison de deux à 25 F CFA. Il n’encourage guère ses petits camarades qui, eux, soutirent de l’argent à leurs parents. Ibrahim, un petit mendiant, habitant au quartier Foulaking, gagne par jour 400 à 500 F CFA, ainsi que des restes de nourriture. Tout l’argent part directement, d’après lui, dans la cabosse de son maître, qui le rudoie s’il rentre bredouille. Sanoussi, propriétaire de dibiterie, peut vendre par jour 10 000 à 15 000 F CFA de viande grillée. C’est à 2 heures du matin qu’il trouve le temps de fermer les yeux. La cafétéria d’Attacher, fonctionne bien. Mais l’homme n’a pas voulu parler de ses recettes. Selon lui, le commerce est une question de chance. On peut gagner comme on peut perdre. Tiémoko, vendeur ambulant, au visage renfrogné, déclare avoir mal débuté sa journée. A l’arrivée de notre équipe de reportage, il n’avait rien empoché. Adama est vendeur de thé. Lorsque les Bus arrivent, l’homme se déplace avec sa grande théière remplie de thé pour apostropher les clients. Chez lui, le verre de thé coûte 100 F CFA, au lieu de 50 F CFA. Il justifie cette augmentation de prix par la période d’hivernage où les conditions de préparation du thé sont difficiles surtout s’il pleut, si le feu n’est pas bien protégé, il s’éteint. Il explique que certains passagers sont exigeants en matière de goût. Il y en a qui aiment le sucre, d’autres non. Un conducteur de mototaxi, dans l’anonymat, remonte au travail à partir de 22 heures pour assurer le transport des voyageurs qui ont des difficultés à se rendre en ville lorsqu’ils arrivent tardivement. Il n’impose pas de prix à ses clients, qu’ils trouvent d’ailleurs très gentils.
Les populations de Diéma attendent avec impatience la réalisation de leur projet de gare routière, qui permettra de décongestionner le secteur du transport dans cette localité. Elles souhaitent également qu’il ait désormais des Bus qui prendront le départ à Diéma tous les jours, ce qui contribuera sans doute à faciliter le transport, à le rendre plus rapide.
Ouka BA( correspondant de kayesinfos à Diema)