L’absence cette année de travailleurs saisonniers dans la ville de Diéma, a été ressentie par bon nombre de familles. Aussi, il n’est pas rare de voir de faibles stocks de foins, mis en réserve, sur des hangars surtout en milieu fonctionnaires.
Ces travailleurs saisonniers étaient utilisés dans plusieurs activités, notamment, le transport de l’eau, du bois, de l’herbe, le maraîchage, les chantiers, ainsi que les petits travaux domestiques auxquels ils se livraient à cœur joie.
Le constat est unanime, depuis la fin de l’hivernage, lorsque les travailleurs saisonniers quittent leurs localités d’origine, généralement Kolokani et Ségou, ils se rendent directement à Kayes, en passant par Diéma. Certains s’orientent vers la zone de Diafounou, dans le cercle de Yélimané, d’autres optent pour Nioro du sahel. Quoiqu’il arrive les destinations finales concernent les mines d’or, appelées Daman, qui attirent énormément de jeunes, garçons aussi bien que filles. Il faut signaler que ceux qui vont à Nioro, cherchent la route de la Mauritanie, progressent ensuite sur l’Algérie, la Lybie, pour atteindre, vaille que vaille, les côtes de la méditerranée.
Ce changement d’itinéraire des travailleurs saisonniers est un phénomène nouveau à Diéma. De mémoire d’habitants de la ville, la crise de travailleurs saisonniers, ne s’était jamais posée avec acuité. Ils faisaient leur descente infernale, après la période des récoltes, qui se situe entre novembre et décembre. On les voyait débarquer des compagnies par petits groupes de deux, trois et six. Parfois même certains ne parvenant pas à trouver du travail, se mettaient à déambuler dans les rues.
Quand la chance vous sourit, déclare un orpailleur venu se marier, en quelques jours, vous devenez bougrement riche avec quelques grammes d’or.
A Kayes, les travailleurs saisonniers ne manquent pas de boulots. Certains s’adonnent au transport de l’eau pour desservir les chantiers. D’autres sont chargés de faire sortir chaque matin des marchandises au niveau du marché, et les replacer ensuite le soir. Pour d’autres encore, c’est la livraison des commandes de sacs de ciment, l’exploitation de sable dans les lys du fleuve. Ils sont déployés pour le maraîchage. Le cirage des chaussures, et le petit commerce, constituent de véritables occupations pour certaines catégories.
« Ces travailleurs saisonniers, qu’est-ce qu’ils comptent trouver ailleurs qui n’existe pas ici à Diéma ? », s’interroge un maraîcher, qui regrette de ne pouvoir exploiter la totalité de sa parcelle, faute de bras valides. L’homme accuse les parents (dont il en fait partie) qui gâtent leurs enfants, qui ne savent pas travailler, et qui passent le clair de leurs temps à se saouler la gueule.
Contrairement à certains parents, Harouna n’ordonne jamais à ses enfants d’arroser les planches de son jardin. Les enfants, disait-il, s’ils fréquentent l’école, on doit leur donner le temps nécessaire pour apprendre leurs leçons. D’après un dicton, renchérit-il, en riant sous cape, on ne peut pas suivre deux lièvres à la fois.
Badjiri, travailleur saisonnier, croisé à l’auto-gare, un bol de lipton en main, trouve que si le logeur est de bonne humeur, il est difficile de l’abandonner. L’homme explique que dans la famille où il est employé, c’est l’entente parfaite, et que si un étranger y pénètre, il ne peut faire la différence entre lui Badjiri et les autres membres, ils sont devenus comme des frères.
Sambou, coupe court, en disant qu’on est libre d’aller là où on veut, pourvu qu’on y gagne des pécules.
Karamoko a pris des dispositions pour l’approvisionnement en eau de son chantier situé sur la route de Santié. Son manœuvre lui a téléphoné comme quoi, il ne viendra pas cette année, sans évoquer de raisons valables.
Selon ce sexagénaire, la majorité des travailleurs saisonniers n’inspirent pas confiance. Ils ne s’intéressent qu’aux femmes dans la maison. Quand ils s’intègrent, ils ne peuvent plus travailler correctement.
Des gens se confient à Madou, Gérant d’une cafétéria, chaque fois qu’’ils ont besoin de travailleurs saisonniers. Mais ces derniers temps, il avoue que tous vont en haut selon leurs propres termes, Aw bé ta san fè’’
Ce travailleur saisonnier Bobo est d’une régularité impressionnante. Bon an, mal an, il vient à Diéma, et n’a jamais changé de patron depuis une quinzaine d’années. On l’appelle affectueusement Boboké, un grand bosseur, mais qui supporte mal la faim.
Signé Ouka BA( correspondant kayesinfos à DIEMA)