Au Mali, une centaine de déplacés de la crise sécuritaire que traverse le centre du pays se sont réfugiés à Bamako cette fin de semaine. Les hommes, femmes et enfants de Sadia, dans le cercle de Bankass, ont quitté leur village, détruit et pillé après une attaque la semaine dernière. Ils se sont installés dans un camp de fortune aux portes de la capitale.
Comme au village, Aminata fait sa lessive à la main. Elle vient de Sadia, un village peul de cultivateurs non loin de la frontière avec le Burkina Faso. Jeudi 13 décembre, sa maison a été détruite dans un incendie après une attaque de chasseurs traditionnels dozos.
« Ils sont venus armés avec des véhicules et des tricycles, des motos à bennes. Aujourd’hui, j’ai les mêmes habits que le jour de l’attaque. Je n’ai rien récupéré. Nous n’avons même pas une natte pour dormir», nous raconte t-elle.
Selon les villageois 2 personnes sont mortes ce jour et un homme a disparu. Un doyen affirme avoir entendu des tirs d’armes automatiques. « Les dozos s’en prennent à nous les peuls parce que nous avons les bonnes terres. Ils profitent sous couvert de lutte antiterroriste pour nous chasser. Et aujourd’hui, ils ont atteint leur objectif. »
A Bamako, les déplacés de Sadia sont unanimes: les jihadistes ne menacent pas la zone et c’est la première fois que leur village se fait attaquer. Pourtant, un communiqué du ministère de la Défense évoque une embuscade le 6 décembre. 1 soldat est décédé et 6 « terroristes » ou « porteurs d’armes » ont été neutralisés, explique le gouverneur de Mopti.
Aux portes de la capitale, au marché de bétail, Boukary Hamidou Bah, le président de la jeunesse de Niamana a pris en charge les réfugiés de Sadia, entassés sous trois cabanes en taules. « Ce ne sont pas les premiers. D’autres du cercle de Koro, touché il y a huit mois, sont venus ici. C’était la première vague. Puis, c’était 1 ou 2 personnes qui arrivaient chaque jour. Ceux de Sadia, c’est le 2e groupe. »
En 2018, selon l’ONU, la crise du centre du Mali a provoqué le déplacement d’au moins 3000 personnes
Source : RFI